Sawyer BennettVague de douceurVague de douceurSawyer BennettTraduction Magali BĂ©chade [email protected]Tous droits © 2014 Sawyer BennettEditions Big Dog Books, LLCCe livre est un ouvrage de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur, ou sont utilisĂ©s Ă titre fictif. Toute ressemblance avec des personnes existantes, vivantes ou non, ou avec des Ă©vĂ©nements ou des lieux rĂ©els est purement reprĂ©sentation ou reproduction intĂ©grale ou partielle de ce livre par quelque procĂ©dĂ© que ce soit, Ă©lectronique ou mĂ©canique, y compris la photocopie, l'enregistrement, le stockage sur un systĂšme Ă©lectronique dâextraction, ou autre, est illicite sans le consentement prĂ©alable Ă©crit de lâauteur ou de ses ayants droits ou ayants cause, exception faite des critiques qui pourront en citer de courts extraits dans leur Sawyer en ligne ! des MatiĂšresChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30Ă propos de lâauteureChapitre 1Gavin â Et comme vous pouvez le constater, toutes les baies vitrĂ©es sont coulissantes, le mur du fond peut donc entiĂšrement sâouvrir sur la plage. Ă voix basse, je marmonne â Ce qui me fait une belle jambe en hiver. LâemployĂ©e de lâagence immobiliĂšre sâextasie sur les caractĂ©ristiques de la maison que je viens tout juste dâacquĂ©rir Ă Duck, en Caroline du Nord, face Ă lâocĂ©an, pour la modique somme de deux millions sept cent mille dollars, sans mĂȘme lâavoir vue auparavant. Le nom de cette ville est complĂštement idiot mais je ferai avec, vu que cette maison satisfait toutes mes exigences. En fait, il nây avait pas tellement de critĂšres dans mon cahier des charges. Jâai insistĂ© pour un emplacement en front de mer, sans aucun voisin immĂ©diat dans un rayon de deux cents mĂštres minimum. Je tiens Ă mon intimitĂ© et pour la prĂ©server, il mâa fallu dĂ©bourser un gros paquet dâargent. â Pardon ? retentit une voix dans mon dos. Je me retourne vers la jeune femme qui me regarde avec ses sourcils blonds bien arquĂ©s. Comment sâappelle-t-elle dĂ©jĂ ? Casey Markham, je crois. â Quoi ? dis-je en essayant de garder une expression neutre. Dâhabitude, je ne suis pas de nature passive-agressive. En fait, la plupart des gens me qualifieraient dâagressif tout court. Mais j'ai une sacrĂ©e gueule de bois et je ne me sens pas aussi vindicatif quâĂ mon habitude. Elle me met au dĂ©fi et reprend â Vous venez de marmonner quelque chose et je nâai pas entendu ce que vous sais pertinemment quâelle a parfaitement entendu mes paroles, mais elle nâa pas lâintention de laisser passer mon petit commentaire sans le relever. D'une voix forte, empreinte de toute lâagressivitĂ© qui me caractĂ©rise, je lui aboie â Je disais que cela ne sert pas Ă grand-chose en hiver. Je m'excuse si vous ne m'avez pas entendu plus tĂŽt, mais Ă mon avis, il est idiot dâinstaller ce genre de fonctionnalitĂ© dans une rĂ©gion oĂč les hivers sont froids. Si cette maison Ă©tait sous les tropiques, bien sĂ»r, je comprendrais. Mais quel crĂ©tin a bien pu aller installer un truc pareil en sachant quâon ne lâutiliserait pas plus de six mois par an ? Je me comporte comme un abruti de premiĂšre, jâen suis bien conscient, et lâemployĂ©e de lâagence immobiliĂšre, Casey, lâa parfaitement compris. Jâai eu affaire Ă elle dĂšs ma premiĂšre prise de contact avec lâagence, depuis mon appartement londonien, il y a dĂ©jĂ plusieurs semaines. Câest elle qui sâest efforcĂ©e de trouver une propriĂ©tĂ© qui rĂ©ponde Ă mes critĂšres. Je me moque Ă©perdument de savoir si je l'ai vexĂ©e ou pas. Je ne me soucie plus du tout de ce que les autres pensent de moi. En plus, elle a touchĂ© une commission astronomique grĂące Ă la vente, donc elle n'a aucune raison de se plaindre. Mais contrairement Ă mes prĂ©visions, au lieu de faire la moue et de se renfrogner, elle a la rĂ©action complĂštement opposĂ©e. Elle rejette la tĂȘte en arriĂšre et Ă©clate dâun rire de gorge profond qui, tout Ă coup, lui redonne un peu dâintĂ©rĂȘt Ă mes yeux. Elle est dâune beautĂ© phĂ©nomĂ©nale, câest Ă©vident de longs cheveux blonds avec des mĂšches plus ou moins claires, dorĂ©es par le soleil de Caroline, une peau parfaitement bronzĂ©e, et des traits de mannequin. Son sourire radieux respire le bonheur et la joie de vivre. Apparemment, elle a aussi une personnalitĂ© bien trempĂ©e, ce qui ne va pas sans mâintriguer, car cela semble indiquer quâelle nâest pas du genre mallĂ©able, et quâon peut donc rĂ©ussir Ă la briser. Et parfois, il mâarrive de prendre un malin plaisir Ă briser les autres. Toujours en train de glousser, Casey me fait un clin d'Ćil en passant devant moi â Câest exactement ce que jâai pensĂ© en voyant ce pan de mur. Nous avons des Ă©tĂ©s trĂšs agrĂ©ables dans la rĂ©gion, mais pendant les mois dâhiver, il peut faire assez frisquet. Passons donc Ă l'Ă©tage, je vais vous montrer le deuxiĂšme niveau. En secouant la tĂȘte, je la suis dans l'escalier, tout en observant lâondulation de ses fesses sous sa fine jupe couleur crĂšme. Lâespace dâun instant, je lâimagine mĂȘme penchĂ©e en avant, la jupe remontĂ©e jusquâĂ la taille ; je pourrais mâoccuper dâelle. Ce serait mĂȘme une option tout Ă fait envisageable. Si un mal de tĂȘte abominable nâĂ©tait pas en train de jouer du tamtam dans mon crĂąne, et si mon estomac ne menaçait pas de rĂ©gurgiter la demi-bouteille de whisky que j'ai bue hier soir. Je la suis pendant quâelle me fait voir la maison et mâen commente toutes les caractĂ©ristiques... le parquet en bois de zebrano, posĂ© dans toutes les piĂšces, les cinq chambres, chacune avec une salle de bain attenante, et un bureau au troisiĂšme Ă©tage qui a sa propre terrasse avec vue sur l'Atlantique. La maison est entiĂšrement meublĂ©e, il y a mĂȘme dĂ©jĂ des casseroles et des poĂȘles dans la cuisine, de sorte quâil ne me reste plus quâĂ poser mes valises. Il y a aussi une salle de jeux au sous-sol qui abrite un cinĂ©ma privĂ©, une salle de billard et un bar en parfait Ă©tat. Câest de loin le bar que je prĂ©fĂšre dans toute la maison. Le temps de redescendre Ă la cuisine, j'ai pratiquement fait abstraction de mon agente immobiliĂšre et de son caractĂšre calme et enjouĂ© pour commencer Ă calculer Ă quelle vitesse je pourrais la faire sortir d'ici. La demi-bouteille de whisky encore pleine est en train de me faire de lâĆil, et je me fiche bien pas mal qu'il ne soit qu'une heure de l'aprĂšs-midi. â Voici vos clĂ©s. FĂ©licitations pour votre nouvelle maison, Monsieur Cooke. Jâobserve Miss Casey Markham, debout devant moi, rayonnante, tandis quâelle me tend les clĂ©s de la maison ; et je rĂ©alise que le jeu nâen vaut pas la chandelle. Ce nâest pas la peine d'essayer dâaller voir sous ses jupes. Pour moi, lâacte sexuel est brutal et tĂ©nĂ©breux, et une fille innocente comme elle ne pourrait jamais le comprendre. Elle ne le tolĂ©rerait jamais. â Merci, dis-je en prenant les clĂ©s et en les fourrant dans ma poche. Je la raccompagne jusqu'Ă la porte dâentrĂ©e. Une fois le seuil franchi, elle se tourne une derniĂšre fois vers moi avec un large sourire pour me demander â Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous, Monsieur Cooke ? Une petite gĂąterie, avec ta langue, ça te dirait, ma jolie ? Et pourtant, câest exactement du fait de sa beautĂ© si lumineuse quâelle ne mâattire pas vraiment. Les femmes souriantes, heureuses, ou insouciantes ne me plaisent pas. Jâaime quâelles soient douces et passives, disposĂ©es Ă prendre ce que jâai Ă leur donner, et qu'ensuite, elles me fichent la paix. â Non. Câest bon. Merci, lui dis-je, avant de tourner les talons et de refermer la porte. Je la regarde une derniĂšre fois ; elle arbore toujours son sourire, mais Ă la façon dont il remonte lĂ©gĂšrement sur les cĂŽtĂ©s, je comprends qu'elle sait trĂšs bien que je suis un blaireau complet, et quâelle nâen a rien Ă cirer. Elle vient de se faire plusieurs milliers de dollars de commission sur mon dos. Cela devrait lui permettre de vivre parmi les arcs-en-ciel et les licornes pendant des mois. Je referme la porte et je m'y adosse pour contempler mon nouveau royaume, qui est gigantesque. Il sâĂ©tend sur quatre Ă©tages, en comptant le sous-sol. Il compte bien plus de piĂšces qu'il nâen faut Ă un seul homme, que ce soit pour y vivre, ou juste Ă possĂ©der, d'ailleurs. Cet endroit va ĂȘtre une vĂ©ritable plaie Ă nettoyer, et le mĂ©nage est bien la derniĂšre chose Ă laquelle jâai envie de penser, car je veux pouvoir focaliser toute mon attention sur ma bouteille et sur le manuscrit que je dois remettre Ă mon Ă©diteur dans deux semaines. Dans un Ă©lan de luciditĂ©, je me jette sur la porte pour ouvrir et rappeler Casey, qui a dĂ©jĂ atteint le bas des marches de lâescalier du porche. â Attendez une minute ! Elle se retourne et plaque un sourire plaisant sur son visage. â Oui, Monsieur Cooke ? â Câest Gavin, dis-je, fatiguĂ© de ces formalitĂ©s, parce que Monsieur Cooke, câest mon pĂšre, et quâen me faisant appeler comme lui, jâai l'impression d'avoir cinquante ans au lieu de vingt-sept. Casey penche la tĂȘte avec curiositĂ©. â Est-ce que vous auriez une agence de nettoyage Ă me recommander, pour venir faire le mĂ©nage plusieurs fois par semaine ? Elle se mordille la lĂšvre tout en rĂ©flĂ©chissant et revient dâun pas vers l'escalier. En levant les yeux vers moi, elle annonce â Il y en a plusieurs ici sur les Outer Banks, mais j'ai une amie... ma colocataire, en fait... qui serait sĂ»rement intĂ©ressĂ©e. En faisant non de la tĂȘte, je poursuis â Non merci. Je prĂ©fĂšre les services dâune agence professionnelle. Les sourcils de Casey se froncent et elle grimpe sur la marche du bas, une main posĂ©e sur la rampe et l'autre glissĂ©e dans la poche de sa jupe. â Elle est vraiment exceptionnelle. Elle fait des mĂ©nages sur l'Ăźle, chez dâautres particuliers. Elle est trĂšs discrĂšte, elle fait un meilleur travail que les agences professionnelles, et elle est moins chĂšre. Je demande, sceptique â Et elle est aussi bavarde que vous ? Parce que je n'aime pas quâon me dĂ©range. En fait, ce que je veux vraiment dire par lĂ , c'est que je la trouve pĂ©tillante, guillerette et extravertie. â C'est plutĂŽt tout le contraire. Elle est timide et un peu renfermĂ©e. Il y a toutes les chances pour que vous ne vous rendiez mĂȘme pas compte qu'elle est chez vous. En tambourinant des doigts sur ma cuisse, je rĂ©flĂ©chis Ă son offre. Mon instinct me dit de refuser et d'insister pour faire appel Ă une agence professionnelle, parce que si ça ne marche pas et que je dĂ©cide de ne pas la garder, cela m'Ă©pargnera tout sentiment de gĂȘne. Mais en y rĂ©flĂ©chissant Ă deux fois en fait, qu'est-ce que j'en ai Ă faire, quâil y ait un sentiment de gĂȘne ou pas ? Si elle ne me convient pas, je n'aurai aucun scrupule Ă la virer. Je capitule â Câest dâaccord. Si vous voulez bien lui passer mes coordonnĂ©es et lui demander de m'appeler. Je discuterai des dĂ©tails pratiques avec elle. Casey me fixe avec un grand sourire et enchaĂźne â Je mâen occupe. Elle sâappelle Savannah Shepherd. Je lui demanderai de vous appeler ce soir. Jâacquiesce dâun signe de tĂȘte en direction de Casey, avant de lui tourner le dos et de rentrer chez moi. Je descends directement dans la salle de jeux, dâoĂč je sors la bouteille de whisky ; et je mâoctroie un verre de bienvenue.*** Une heure plus tard, j'ai dĂ©jĂ fini de tout dĂ©baller dans mon nouveau chez moi. Je n'avais que deux valises de vĂȘtements et un carton de fournitures de bureau expĂ©diĂ© depuis mon appartement londonien. Je me verse encore deux doigts de whisky dans mon verre vide ; câest un gobelet en plastique dĂ©corĂ© dâun gros flamant rose, que j'ai trouvĂ© dans le placard. Jâavale une gorgĂ©e tout en m'asseyant derriĂšre mon bureau. La chaise grince et gĂ©mit sous mon poids, et je prends note quâil me faudra vite en changer. Sinon ce boucan va me rendre dingue. Jâattrape le carton presque vide des fournitures de bureau, pour en sortir un dernier objet. La seule dĂ©coration que j'ai amenĂ©e. Le petit cadre ne pĂšse pas lourd dans mes mains. Lorsque je le retourne pour regarder la photo Ă lâintĂ©rieur, je ne suis pas du tout prĂ©parĂ© Ă la douleur aiguĂ« qui vient me transpercer en plein milieu de la poitrine. Je nâai pas vu cette photo depuis plus de deux semaines, et elle fait resurgir tout un flot de nostalgie et de sentiments amers. Jâavale une autre rasade de whisky, en souhaitant ardemment que lâalcool qui me brĂ»le la gorge ait vite fait de mâengourdir le cĆur et lâesprit. Je place dĂ©licatement la photo sur mon bureau, face Ă lâindex, je caresse la vitre en dĂ©glutissant fort, pour empĂȘcher mes larmes de se former ; je pleure souvent lorsque je regarde la photo de Charlie. C'est la photo que je prĂ©fĂšre, celle qui a Ă©tĂ© prise juste aprĂšs ses deux ans. On le voit assis sous le porche de notre maison de Tunbridge Wells, une petite ville situĂ©e Ă une soixantaine de kilomĂštres de Londres. Charlie a les coudes posĂ©s sur ses genoux, et dans ses mains, il serre trĂšs fort son doudou prĂ©fĂ©rĂ© une pieuvre en peluche bleu vif complĂštement ridicule. Il a un grand sourire, ses petites dents de lait me font un clin d'Ćil, tandis que ses yeux bleus Ă©tincellent dans le soleil du matin. Je me souviens qu'il souriait autant parce que jâavais dansĂ© en faisant lâidiot pendant qu'Amanda prenait des photos. Jâarrivais trĂšs facilement Ă faire sourire et rigoler Charlie, presque sans effort ; j'ai toujours Ă©tĂ© trĂšs enthousiaste en sa prĂ©sence. C'Ă©tait un truc de papa, que je savais faire tout naturellement. Jâarrive presque Ă sentir le contact de ses cheveux bruns tout doux sur le bout de mes doigts en me concentrant suffisamment fort. Jâadorais lui caresser la tĂȘte quand il s'allongeait sur mes genoux pour regarder la tĂ©lĂ© câĂ©tait lâun de mes moments prĂ©fĂ©rĂ©s. Il ne rĂ©sistait jamais bien longtemps et sâendormait souvent au bout de quelques minutes. Jâavais alors tout le loisir dâobserver sa petite poitrine se soulever et s'abaisser Ă chaque respiration. Il me manque tellement⊠la douleur est insoutenable, et c'est la raison principale pour laquelle je me tourne vers mon ami Macallan, pour mâaider Ă lâanesthĂ©sier autant que possible. En parlant de ça, je porte le gobelet en plastique Ă mes lĂšvres et dâun seul trait, j'avale le restant de liqueur fumĂ©e. Lâalcool me brĂ»le les yeux, mais je ressens ensuite une chaleur glorieuse mâenvelopper tout le corps. J'attrape la bouteille, je me verse encore deux doigts et je pose le verre pour attraper mon ordinateur portable. Je dois vĂ©rifier mes e-mails avant d'ĂȘtre trop saoul. Mon agente, Lindie Booth, va vouloir de mes nouvelles, pour s'assurer que la vente de la maison s'est dĂ©roulĂ©e sans encombre. Elle a peur que je change d'avis et que je rentre Ă Londres pour retourner Ă la vie de dĂ©bauche que j'ai menĂ©e pendant ces derniers mois. En fait, câest elle qui a eu lâidĂ©e de me faire dĂ©mĂ©nager ici. DâaprĂšs elle, mon style de vie allait finir par avoir raison de mon Ă©criture et j'avais besoin de changer de cadre pour retrouver un peu de paix intĂ©rieure. Elle a suggĂ©rĂ© les Outer Banks, y ayant elle-mĂȘme sĂ©journĂ© Ă de multiples reprises pendant les vacances. Elle a peut-ĂȘtre raison. Ou peut-ĂȘtre quâelle raconte tout un ramassis dâĂąneries. Qui sait, mais en tout cas, je suis lĂ . Lindie est un gros bonnet dans le monde de l'Ă©dition traditionnelle et elle m'a rapidement mis le grappin dessus lorsque mon dernier livre, Les marĂ©es de la mort, sâest hissĂ© en premiĂšre place des meilleures ventes du New York Times. Je l'avais autoĂ©ditĂ©, aprĂšs avoir passĂ© quatre ans Ă essuyer les refus de toutes les agences et de tous les Ă©diteurs du Royaume-Uni et des Ătats-Unis. Personne ne voulait prendre de risque en pariant sur une sĂ©rie de thrillers paranormaux noirs et Ă©rotiques. Mais apparemment, il faut croire que les lecteurs, eux, y ont trouvĂ© quelque chose, puisque mon livre est restĂ© sur les listes des meilleures ventes pendant de longues semaines. Quatre mois seulement aprĂšs sa sortie, j'Ă©tais reprĂ©sentĂ© par Lindie. Trois mois plus tard, je me suis vu offrir un Ă©norme contrat Ă huit chiffres pour Ă©crire deux livres supplĂ©mentaires, par l'une des cinq plus grosses maisons dâĂ©dition sur le marchĂ©. MĂȘme si j'Ă©tais bourrĂ© et dĂ©foncĂ© quand Lindie m'a prĂ©sentĂ© le contrat, j'ai tout de suite reconnu qu'il s'agissait du type de rĂ©munĂ©ration que j'avais toujours espĂ©rĂ©e en reconnaissance de mon travail d'Ă©crivain. Je suis assez sĂ»r que j'Ă©tais complĂštement dĂ©foncĂ© quand j'ai signĂ© le contrat. Dâailleurs, j'Ă©tais plutĂŽt saoul quand Lindie a pris un vol pour Londres, histoire de venir me mettre les points sur les i. En dâautres termes, elle mâa sorti que je devais me ressaisir, abandonner mon mode de vie sordide, et quitter le Royaume-Uni pour pouvoir me concentrer sur ce quâil restait encore Ă sauver de ma carriĂšre bourgeonnante. J'ai acceptĂ© tous ces changements de vie sans vraiment rĂ©aliser ce qui mâarrivait. Bilan des courses je me retrouve expatriĂ© dans une nouvelle maison, avec un manuscrit qui ne dĂ©passe pas les quarante mille mots et que jâai moins de deux semaines pour terminer. En fixant la bouteille de whisky posĂ©e devant moi, je rĂ©alise que je vais devoir la laisser au placard dĂšs demain. JâespĂšre que je vais rĂ©ussir Ă ne pas y toucher. Je nâen ai pas du tout envie, mais il le faut. Chapitre 2Savannah â Il Ă©tait temps que tu rentres ! sâĂ©crie Casey alors que je franchis le pas de la porte de la petite maison cĂŽtiĂšre que nous partageons. Il est presque neuf heures du soir, et je suis Ă©puisĂ©e. Non... plus quâĂ©puisĂ©e. Je suis complĂštement lessivĂ©e, car je travaille depuis sept heures ce matin. Je rĂ©ponds, la voix empreinte de fatigue â Je sais. La sĂ©ance photo a durĂ© beaucoup plus longtemps que prĂ©vu. â Et combien de temps exactement tu as passĂ© Ă esquiver les appels du pied de ce naze et ses sous-entendus boiteux ? â Une bonne demi-heure, au moins, dis-je avec un sourire en coin, mais en y repensant, un petit frisson me parcourt rĂ©trospectivement. Jâai un contrat Ă mi-temps avec un portraitiste local, et c'est un sale bouseux qui me drague non-stop de la maniĂšre la plus inappropriĂ©e qui soit. Malheureusement, jâai dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin de ce boulot, car le journal pour lequel je travaillais comme photographe attitrĂ©e vient de me licencier. Ils ne pouvaient plus me rĂ©munĂ©rer Ă temps plein, d'oĂč le licenciement. Au moins, ils ont promis de me sous-traiter certains projets, mais cela rapporte des cacahuĂštes microscopiques par rapport Ă ce quâils me payaient avant. Je me dirige vers la cuisine, et je pose mon sac Ă main sur la table dans un bruit sourd. J'ouvre le rĂ©frigĂ©rateur pour en examiner le contenu, mais je suis trop fatiguĂ©e pour me prĂ©parer quoi que ce soit de consĂ©quent Ă manger. Je sors donc un sachet de carottes et une pomme. Quand je me retourne, Casey est appuyĂ©e derriĂšre le comptoir, les bras croisĂ©s sur la poitrine. Elle est tellement belle que je me sens ridicule Ă ses cĂŽtĂ©s, mais Casey n'est pas du genre Ă s'exhiber... du moins pas devant les autres femmes. Bien sĂ»r, câest une grande sĂ©ductrice quand il s'agit d'hommes, et sa devise est depuis toujours Aime-les et lĂąche-les » ; mais câest l'une des filles les plus gentilles et les plus terre-Ă -terre que j'ai jamais connues. Je me rĂ©jouis vraiment que nous soyons devenues colocataires, car sans son aide pour payer le loyer, je n'aurais jamais pu me permettre de rester ici. â Qu'est-ce qu'il a encore fait, cette fois ? demande Casey, les yeux rivĂ©s sur moi. Je rĂ©ponds avec lassitude â Toujours pareil... des frĂŽlements dĂ©sinvoltes, des commentaires salaces. On pourrait croire qu'il aurait au moins trouvĂ© un truc un peu plus original, non ? â Eh bien, la chance est sur le point de tourner, ma belle, me dit-elle avec un sourire, en baissant les mains pour les poser Ă hauteur de hanches sur le comptoir. Je tâai trouvĂ© une nouvelle baraque Ă nettoyer... elle est immense et le gars qui la possĂšde est super riche. Avec ça, tu vas pouvoir lĂącher ce gros naze une bonne fois pour toutes. Je croque dans ma carotte et, la bouche pleine, je demande â Tu veux mâen dire un peu plus ? â Il s'appelle Gavin Cooke, et il est un peu bizarre... enfin, en gros, c'est un peu un trouduc. C'est un auteur britannique connu qui a dĂ©mĂ©nagĂ© ici pour finir d'Ă©crire un livre. Il a besoin de quelqu'un pour faire le mĂ©nage chez lui plusieurs fois par semaine, et il m'a dit de te demander de l'appeler. Tout en mĂąchant puis en avalant ma carotte, je rĂ©flĂ©chis. Entre les contrats pour le journal, le travail Ă mi-temps avec ce dĂ©bile de photographe, et les deux maisons oĂč je fais dĂ©jĂ le mĂ©nage, cela va encore impliquer des horaires de travail Ă rallonge pour moi. J'ai dĂ©jĂ du mal Ă mettre un pied devant lâautre, et cela veut dire moins de temps de sommeil et plus de courbatures. Manque de chance pour moi, je n'ai pas vraiment le choix. Entre mon emprunt Ă©tudiant, mes dĂ©penses courantes et la transmission de ma voiture quâil a fallu changer le mois dernier, je gagne Ă peine assez d'argent pour me nourrir autrement que de carottes et de pommes. Qui plus est, avec les mĂ©nages et tout le matĂ©riel photo Ă trimballer, je dĂ©pense trop dâĂ©nergie pour le peu de calories que jâarrive Ă ingurgiter chaque jour, et j'ai perdu des kilos que je ne pouvais dĂ©jĂ pas me permettre de voir fondre. Pourtant, l'alternative n'est pas plus rĂ©jouissante. Si je n'arrive pas Ă me dĂ©brouiller ici par mes propres moyens, le seul choix quâil me reste, câest de rentrer chez moi Ă Clearview dans l'Indiana, et de devenir la fille bizarre qui vit encore chez papa-maman Ă vingt-cinq ans. Mes parents sont incontestablement le couple le gentil et le plus adorable de tout le Midwest, mais si je me retrouve chez eux, je stagnerai Ă tout jamais. J'ai travaillĂ© dur pour quitter notre petite ville, afin de pouvoir parcourir le monde et prendre des photos de toutes les merveilles Ă dĂ©couvrir. D'accord, je nâai pas dĂ©passĂ© les Outer Banks de Caroline du Nord, mais c'est dĂ©jĂ presque un univers Ă part comparĂ© Ă lâenvironnement que jâai connu en grandissant. Donc en effet, je n'ai pas le choix. Je vais devoir me trouver un autre travail. Une fois que j'aurai payĂ© la main dâĆuvre pour la transmission de ma voiture heureusement que Smitty mâa fait crĂ©dit au garage local, je pourrai envoyer balader ce crĂ©tin et ma vie redeviendra un peu plus gĂ©rable. â Je l'appelle dĂšs que jâai fini mon dĂźner. Tu crois que ça va faire trop tard ? â Non. Câest un Ă©crivain, il doit se coucher tard. En tout cas, c'est l'impression quâil mâa donnĂ©e quand je suis passĂ©e le prendre Ă son hĂŽtel pour lui faire signer le compromis de vente et lâemmener visiter la maison. Il Ă©tait presque midi, et je suis certaine qu'il sortait Ă peine du lit. Je laisse les carottes de cĂŽtĂ© et je prends la pomme pour en croquer une bouchĂ©e. En lâavalant, je lui trouve un goĂ»t farineux, mais il faut dire que mon intĂ©rĂȘt pour tout ce qui se mange a pas mal diminuĂ© au cours des derniĂšres semaines. Je croule sous le boulot en ce moment, je trime comme une acharnĂ©e pour couper court au sentiment croissant de panique qui mâenvahit Ă lâidĂ©e de ne pas rĂ©ussir Ă joindre les deux bouts toute seule. Cela me coupe complĂštement lâappĂ©tit. â Il me reste des pĂątes de ce soir dans le frigo, si tu veux, propose Casey en mâobservant manger ma pomme. Je ne sais pas ce que mon visage a pu laisser transparaĂźtre, mais jâimagine qu'elle a bien vu que la pomme ne suffirait pas Ă satisfaire mon appĂ©tit. Je rĂ©ponds avec un petit sourire â Non merci. Jâai trop dâorgueil pour accepter son aide pour moi, mĂȘme sâil ne sâagit que dâun simple reste de pĂątes, câest quand mĂȘme de la charitĂ©. â Tu dĂ©pĂ©ris Ă vue d'Ćil, Savannah, insiste-t-elle en protestant. Tu ne vas pas pouvoir tenir longtemps comme ça. Je prends une voix faussement confiante pour lui assurer â Je vais bien. Dâailleurs, comme tu l'as dit toi-mĂȘme, ce mĂ©nage supplĂ©mentaire va me permettre de sortir du rouge. â Non, tu ne vas pas bien, mâaboie-t-elle pratiquement dessus, en fronçant le regard. Tu te tues Ă la tĂąche. Quel est ton plan, au juste ? Tu cumules trois boulots, en plus du bĂ©nĂ©volat que tu fais toutes les semaines au Refuge avec Alyssa et Brody. Tu te nourris Ă peine. SĂ©rieusement, tu es en train de mettre ta santĂ© en pĂ©ril. Bon, en temps normal, je suis une fille du Midwest, gentille et bien Ă©levĂ©e. Il en faut beaucoup pour m'Ă©nerver. Mais de lĂ Ă me faire jeter Ă la figure tous mes Ă©checs⊠je finis par m'agacer. â LĂąche-moi un peu les baskets Casey. J'apprĂ©cie que tu te fasses du souci pour moi, mais je gĂšre tout Ă fait toute seule. Elle cligne des yeux en me regardant avec surprise, car je crois que c'est la premiĂšre fois que nous nous disputons depuis que nous sommes colocataires. Dans notre petit cercle dâamies, entre Casey, Alyssa et Gabby, câest moi qui suis la moins susceptible de me montrer irritable avec qui que ce soit. On peut mĂȘme dire que je suis trĂšs facile Ă vivre. â Comme tu voudras, grommelle-t-elle. Mais je ne faisais que te proposer un petit bol de pĂątes. Je prends une profonde inspiration avant dâexpirer lentement. Dâune voix plus douce, je reprends â Excuse-moi. J'apprĂ©cie ton offre... vraiment. Mais je fais partie de ces gens qui doivent se dĂ©brouiller tout seuls. Tu devrais dĂ©jĂ le savoir. Casey hoche la tĂȘte Ă contrecĆur, parce qu'elle en est bien consciente. Depuis quatre mois que nous sommes colocataires, elle a appris Ă suffisamment me connaĂźtre pour savoir que je suis tĂȘtue et que jâai beaucoup de fiertĂ©. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas encore dit Ă ce crĂ©tin de photographe d'aller se faire voir, parce que certes, jâai besoin d'argent, mais avant tout, j'ai surtout besoin de lui montrer qu'il ne me fait pas peur. Câest fini, je ne me laisserai plus jamais impressionner par qui que ce soit. Mon tĂ©lĂ©phone sonne dans mon sac et je repose la pomme sur le comptoir en essuyant mes doigts sur mon jean. En lâattrapant, je vois que c'est un texto de Brody. Mon cĆur sâallĂšge instantanĂ©ment. Brody et sa fiancĂ©e, Alyssa, dirigent le Refuge, une association Ă but non lucratif qui sâoccupe dâanimaux, et oĂč je fais du bĂ©nĂ©volat. J'aime tellement les animaux, les chiens en particulier, que je passe tout mon temps libre Ă les aider. Mais en cumulant trois emplois, mes heures de bĂ©nĂ©volat se sont rĂ©duites comme peau de chagrin et je suis vraiment en manque. Mon amour des chiens remonte Ă loin, quand j'avais Ă peine six ans. Je jouais dans les bois autour de notre maison Ă Clearview. Comme nous habitions Ă la campagne, maman mâencourageait Ă passer toute la journĂ©e dehors pendant les vacances dâĂ©tĂ©, en me disant de ne pas rentrer avant la nuit. J'Ă©tais avec notre chien, Petey, un labrador, quand je me suis perdue. Je n'arrivais pas Ă retrouver mon chemin. Petey m'avait protĂ©gĂ©e et tenu chaud toute la nuit. Dans mon imagination d'enfant, alors que je m'Ă©tais rĂ©fugiĂ©e au pied d'un arbre, il mâavait semblĂ© entendre des coyotes, des ours, et des lions, tout autour de nous. Petey grognait pĂ©riodiquement, en scrutant l'obscuritĂ© ambiante de ses yeux perçants. Il me lĂ©chait de temps en temps, comme pour se montrer rassurant et essayer de me dire que tout irait bien. Je mâĂ©tais blottie contre sa fourrure chaudeen le serrant dans mes bras, et je mâĂ©tais sentie en sĂ©curitĂ©. L'Ă©quipe de recherche m'avait retrouvĂ©e le lendemain matin Ă l'aube, et Petey avait Ă©tĂ© acclamĂ© comme un vĂ©ritable hĂ©ros local par toute la ville. Il avait mĂȘme reçu une mĂ©daille officielle. Depuis lors, je ne suis jamais aussi heureuse que lorsque je me trouve avec des chiens. MĂȘme si je ne peux pas me permettre dâen avoir un Ă moi, si un jour j'arrive Ă payer toutes mes dettes, j'en aurai au moins cinq. Le SMS de Brody va droit au but. As-tu le temps de venir mâaider demain ? Alyssa doit aller rĂ©cupĂ©rer un cheval Ă Raleigh. Je lui rĂ©ponds rapidement. Je nâen suis pas sĂ»re. Je vais peut-ĂȘtre commencer un nouveau travail. Je t'envoie un autre message un peu plus tard. Je fixe mon tĂ©lĂ©phone un moment, lĂ©gĂšrement dĂ©sappointĂ©e de ne pas pouvoir lui rĂ©pondre oui » tout simplement. Je prĂ©fĂ©rerais nager dans de la bave de chien jusqu'aux coudes plutĂŽt que de nettoyer la baraque d'un crĂ©tin bourrĂ© aux as, mais je dois suivre mes prioritĂ©s du pourrais aussi accepter le travail quâon tâa proposĂ©, rĂ©pond Brody. Oui, ce serait la solution la plus simple, mais je ne peux pas faire ça non plus. Il est hors de question que je laisse Brody et Alyssa me mettre sur la liste des employĂ©s du Refuge. Bien sĂ»r, une association Ă but non lucratif a tout Ă fait le droit dâavoir des employĂ©s rĂ©munĂ©rĂ©s, mais je sais aussi quâen m'ajoutant aux frais gĂ©nĂ©raux, Alyssa et Brody devront travailler encore plus dur pour collecter des fonds et financer cette dĂ©pense. Non, le temps que je passerai au Refuge sera toujours du temps de bĂ©nĂ©volat et, bien que leur offre reprĂ©sente beaucoup pour moi, je suis malheureusement dans lâobligation de la dĂ©cliner. Ce que je fais une fois encore â Je vous aime tous les deux, et merci, mais ma rĂ©ponse reste non. J'envoie le rĂ©ponse est immĂ©diate. â TĂȘte de mule. JâĂ©clate de rire, car Brody est trĂšs mal placĂ© pour me donner des leçons. AprĂšs avoir passĂ© cinq ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, il est revenu sur les Outer Banks vide comme une coquille, en refusant obstinĂ©ment de laisser qui que ce soit entrer dans sa vie et convaincu dâĂȘtre un moins que rien. Sans l'aide et l'amour d'une femme incroyable, autrement dit Alyssa, Brody ne serait jamais sorti du trou. Je me suis beaucoup rapprochĂ©e de Brody et d'Alyssa ces derniers mois, de Brody plus particuliĂšrement. Depuis qu'il est tombĂ© amoureux d'Alyssa et qu'il a rĂ©vĂ©lĂ© son secret Ă sa famille et Ă ses amis les plus proches, câest-Ă -dire quâil avait fait de la prison pour quelquâun dâautre, il a changĂ© du tout au tout. Il est devenu chaleureux, plein d'humour, et il protĂšge farouchement ceux qu'il aime. J'ai la chance de faire partie de ce cercle, et les longues heures que nous passons ensemble Ă nous occuper des animaux ont créé une amitiĂ© trĂšs forte entre nous deux. Il m'a dit un jour qu'il reconnaissait en moi le mĂȘme orgueil que le sien avant quâil nâaille en prison ; celui qui lui a puisĂ© toute son Ă©nergie. Cela m'a rendue triste et heureuse Ă la fois. Triste que Brody ait autant souffert, mais heureuse qu'il m'ait comparĂ©e Ă lui, car comme chacun de ses proches pourra en tĂ©moigner, il nây a personne qui soit plus respectĂ© que lui. Je lĂšve les yeux vers Casey en demandant â Et si tu me donnais les coordonnĂ©es de ce type, pour que je l'appelle ? Autant dĂ©crocher ce job en espĂ©rant que ça me rassurera un peu de savoir que j'aurai un revenu de plus. â Bien sĂ»r, dit-elle en attrapant son tĂ©lĂ©phone dans sa poche et en ouvrant ses contacts. DĂšs quâelle a trouvĂ© ce qu'elle cherchait, elle me tend son portable pour me faire voir le numĂ©ro. Je compose les chiffres en alternant les coups dâĆil entre son Ă©cran et le mien. Il rĂ©pond Ă la quatriĂšme sonnerie, alors que je m'attendais Ă ce que la messagerie vocale se dĂ©clenche. Un seul mot Quoi ? », suffit amplement Ă souligner son accent britannique. â Euh... Monsieur Cooke ? â Gavin, grommelle-t-il au tĂ©lĂ©phone, et si je ne mâabuse, sa voix semble un peu traĂźnante. â Euh, ouiâŠici Savannah Shepherd. Ma colocataire, Casey Markham, m'a dit de vous appeler. Le silence se fait Ă l'autre bout de la ligne pendant un moment, puis il reprend d'un ton irritĂ© â Qui ça ? Qui vous a dit de m'appeler ? â Casey Markham... de lâagence immobiliĂšre ? Elle a dit que vous voudriez peut-ĂȘtre que je vienne faire le mĂ©nage chez vous ? Je l'entends siffler entre les dents, et il a lâair encore plus agacĂ© â Mince... Oui, j'avais complĂštement oubliĂ©. Ăcoutez, je suis trĂšs occupĂ© et je ne peux pas vous parler maintenant. Mais soyez lĂ demain Ă dix heures, et on verra tout ça plus en dĂ©tail. Je pose la question juste pour clarifier, car je fais dĂ©jĂ un autre mĂ©nage Ă huit heures, et je ne suis pas certaine dâavoir fini Ă temps. â Ă dix heures du matin ? â Ăvidemment, Ă dix heures du matin, rĂ©pĂšte-t-il, visiblement exaspĂ©rĂ© par ma question. Vous nettoyez des maisons Ă dix heures du soir, vous ? â Cela mâarrive, dis-je automatiquement, et je constate qu'il ne rĂ©pond pas. Ăcoutez, Monsieur Cooke... â Gavin, reprends â Gavin. Jâai un autre travail Ă huit heures et je ne suis pas sĂ»re de pouvoir ĂȘtre lĂ Ă dix heures. Peut-ĂȘtre quâon pourrait⊠Il mâinterrompt â Si vous avez envie de ce boulot, soyez lĂ Ă dix heures. Si ça ne vous intĂ©resse pas, ne soyez pas lĂ Ă dix heures. C'est vous qui choisissez. Puis il me raccroche au nez et je reste lĂ Ă Ă©couter un bip dans le vide. En posant mon tĂ©lĂ©phone, je lĂšve les yeux vers Casey, qui me regarde attentivement. â Mais quel abruti ! â Je tâavais prĂ©venue, insiste-t-elle, tout en hochant la tĂȘte de haut en bas. Qu'est-ce qu'il a dit ? â Il m'a demandĂ© d'ĂȘtre lĂ Ă dix heures si je voulais le boulot et il m'a raccrochĂ© au nez, dis-je tout en recherchant un nom dans mes contacts. Je trouve le numĂ©ro de Grace Banner, la dame chez qui je fais le mĂ©nage tous les jeudis Ă huit heures. â Je crois que je ferais mieux de voir sâil y a moyen dâarriver chez elle un peu plus tĂŽt demain.â GĂ©nial, marmonne Casey en me regardant composer le numĂ©ro de Grace. Tu lĂąches un employeur de chiotte pour en reprendre un autre. Alors que le tĂ©lĂ©phone sonne, je lĂšve un sourcil vers elle â Je ne lĂąche rien du tout pas encore. On dirait bien que je vais cumuler deux employeurs difficiles pendant un temps, jusqu'Ă ce que je puisse en choisir un. Casey hoche la tĂȘte en signe de 3Gavin Bom, bom, bruit qui tambourine dans ma tĂȘte me force Ă ouvrir les yeux, en faisant bien attention, parce que je sais pertinemment que la lumiĂšre du jour qui filtre Ă travers mes verres de soleil va me faire un mal de chien. Bom, bom, bom. Seigneur, on dirait que ça cogne de plus en plus fort, et je me surprends Ă regretter dâavoir fini la demi-bouteille de Macallan hier soir. Je me frotte les yeux, encore chargĂ©s de sommeil, avant de tourner la tĂȘte pour regarder lâheure sur le rĂ©veil. Bon sang⊠il nâest que dix heures du matin⊠moi qui espĂ©rais pouvoir dormir assez longtemps pour cuver en Ă©vitant la gueule de bois. Des anti-inflammatoires⊠VoilĂ ce quâil me faut, lĂ , tout de suite. Je fais un essai timide pour me redresser dans le lit, puis poser mes pieds au sol. Dâun geste hĂ©sitant, je pose le bout des doigts sur mes tempes en essayant de les masser pour attĂ©nuer le vacarme. Bom, bom, bom. Bordel ! On frappe Ă ma porte, et ce boucan est en train de dĂ©cupler mon mal de crĂąne. Je me prĂ©cipite hors du lit et je quitte ma chambre en titubant, pour descendre la volĂ©e de marches et traverser la cuisine avec les paupiĂšres encore Ă moitiĂ© closes, car la lueur du soleil ne fait rien pour attĂ©nuer ma douleur. Au passage, jâarrive Ă me cogner la hanche contre le comptoir, ce qui me laisse Ă©chapper toute une flopĂ©e de jurons alors que je me rends vers la porte dâentrĂ©e. Bom, bom⊠J'ouvre violemment la porte et je lance un regard furibond Ă la personne qui se tient lĂ , tout en grognant â Vous feriez mieux d'avoir une bonne excuse pour venir frapper Ă ma porte dâaussi bonne heure. â Monsieur Cooke ? Vous m'avez dit d'ĂȘtre lĂ Ă dix heures... annonce la personne devant moi. Câest une femme, jâarrive maintenant Ă le deviner, mĂȘme si je nâai pas encore les yeux complĂštement plissant le regard, jâarrive vaguement Ă distinguer une jeune femme aux cheveux chĂątain foncĂ© et aux traits impossibles Ă identifier, car jâai encore la vue embrumĂ©e par lâalcool. â Jâai dit ça, moi ? â Euh... oui ; pour parler du mĂ©nage chez vous, poursuit-elle tranquillement. MalgrĂ© ma gueule de bois, je ne manque pas de remarquer qu'elle recule dâun pas. Lâespace dâun instant, mon cerveau est vide je ne vois absolument pas de quoi elle parle. Le mĂ©nage ? Dix heures ? Et tout Ă coup, je rĂ©alise quâil sâagit de la femme de mĂ©nage recommandĂ©e par la fille de lâagence immobiliĂšre. Je me rappelle vaguement qu'elle a appelĂ© hier soir et que nous avons convenu d'un rendez-vous ce matin. Tout en me grattant l'estomac, j'ouvre un peu plus mon Ćil gauche pour mieux la regarder, et elle commence Ă apparaĂźtre avec plus de nettetĂ©. Jolie fille... Elle est carrĂ©ment belle en fait. Pas dâune beautĂ© radieuse et lumineuse comme Casey Markham, ou pulpeuse et ostentatoire comme Amanda, mon ex. Mais dâune beautĂ© saine, pleine de fraĂźcheur. Elle a de longs cheveux bruns avec quelques reflets roux, des yeux marron foncĂ© trĂšs doux, une peau lĂ©gĂšrement bronzĂ©e et une bouche bien dessinĂ©e. En tant qu'Ă©crivain, je la classerais dans la catĂ©gorie du stĂ©rĂ©otype de la fille d'Ă cĂŽtĂ©. Dans mes livres, câest le personnage classique qui se fait immĂ©diatement rĂ©duire en lambeaux par un monstre, juste pour le plaisir de sacrifier une innocente pleine de candeur. Faisant moi-mĂȘme un pas en arriĂšre, je parviens Ă ouvrir les deux yeux et Ă me racler la gorge. â Pardon, j'avais oubliĂ©. Mais entrez. Elle me regarde un moment, en se mordillant la lĂšvre infĂ©rieure et visiblement indĂ©cise quant Ă la perspective de devoir accepter ou non mon invitation. Sans lui laisser le temps de dĂ©cider, je lui tourne le dos et je retourne Ă la cuisine. Je l'entends entrer et refermer doucement la porte. Tout en m'affairant Ă prĂ©parer du cafĂ©, je lâobserve, dans mon champ de vision pĂ©riphĂ©rique, entrer avec hĂ©sitation dans la cuisine et rester de marbre, comme une statue. Sans me retourner pour la regarder, je lui demande â Vous vous appelez comment, dĂ©jĂ ? â Savannah, rĂ©pond-elle doucement. Savannah Shepherd. AprĂšs avoir mis un filtre dans la cafetiĂšre, jâajoute un peu de cafĂ©, en mettant une dose supplĂ©mentaire pour le rendre suffisamment fort et tenter de chasser ma gueule de bois. Je mâempare de la cafetiĂšre pour la remplir au robinet, tout en lui jetant un bref coup d'Ćil. â Eh bien, Savannah Shepherd, Casey m'a dit que vous faisiez des mĂ©nages sur ces Ăźles. J'ai pensĂ© que vous seriez peut-ĂȘtre intĂ©ressĂ©e pour venir faire le mĂ©nage chez moi ? Elle reste plantĂ©e lĂ sans mot dire, alors je lĂšve les yeux sur elle aprĂšs avoir fermĂ© le robinet d'eau et remis la casserole en place. Ses grands yeux me fixent dâun air indĂ©cis et je me demande tout Ă coup si elle ne serait pas un peu simple dâesprit. Je demande encore â Vous comptez rester muette comme une carpe ? En agitant la tĂȘte, elle jette un regard vers le bas. â Non... c'est juste que... Vous devriez peut-ĂȘtre aller vous habiller avant quâon commence Ă discuter. Je cligne des yeux plusieurs fois, en essayant de comprendre ce qu'elle veut dire, puis je baisse les yeux pour me regarder avec dĂ©sinvolture. Ăa alors, qui lâaurait cru ? Je suis en caleçon avec la braguette grande ouverte, et jâai la bite au garde-Ă -vous qui dĂ©passe Ă moitiĂ©. Oups. Je parie qu'elle sâen est mis plein la vue quand j'ai ouvert la porte. Dâun haussement dâĂ©paules, je me rĂ©ajuste, pas trĂšs discrĂštement. Je lui tourne le dos pour verser lâeau dans le rĂ©servoir de la machine Ă cafĂ©. Je remets la cafetiĂšre en place et j'allume l'interrupteur. Je me tourne ensuite pour lui faire face, et je m'adosse au comptoir en croisant les bras. Elle ne peut pas s'en empĂȘcher... ses yeux se dirigent involontairement vers mon entrejambe et, mĂȘme si Ă prĂ©sent, je suis certain de ne plus rien laisser voir, je parie que le tissu de mon slip est bien tendu. Son visage sâempourpre, et ses yeux remontent prestement vers les miens. Avec un petit sourire en coin, je lui dis â Je disais donc... j'aurais besoin que vous veniez faire le mĂ©nage ici deux fois par semaine... et aussi que vous fassiez mon linge, vu que je suis nul pour ça aussi. â Vous nâallez pas vous habiller ? s'exclame-t-elle. En la fixant d'un regard direct, je souris en annonçant â Non, Savannah, ce nâest pas dans mes intentions. Ăa vous pose un problĂšme ? â C'est un peu gĂȘnant de vous avoir Ă moitiĂ© nu devant moi pour un entretien d'embauche, lance-t-elle. Je dois le lui accorder, il faut admettre quâelle sait faire preuve dâimpertinence. â Encore une chance que jâai Ă©tĂ© en caleçon quand vous mâavez rĂ©veillĂ©. La moitiĂ© du temps, je me balade Ă poil, dis-je dâun air sĂ©rieux. Ce n'est pas le cas, mais j'aime bien la façon dont elle rosit, et je me demande si je pourrais rĂ©ussir Ă la faire rougir encore plus. â Vous nâavez quâĂ considĂ©rer les choses sous cet angle moins je porterai de vĂȘtements, moins vous aurez de lessive Ă faire. Jâobserve Savannah resserrer son sac un peu plus fort contre elle, et l'indĂ©cision se lit dans son regard. Jâattends, certain de l'avoir dĂ©goĂ»tĂ©e pour de bon, ce qui n'est pas pour me dĂ©plaire. â J'ai vraiment besoin de ce travail, finit-elle par admettre avant de porter son regard au sol. Mais je ne vais pas vous faire perdre plus de temps en restant plus longtemps pour discuter des dĂ©tails. Je ne peux pas travailler ici si vous vous promenez nu toute la journĂ©e. Je vous remercie pour votre temps Monsieur Cooke, et je suis vraiment navrĂ©e de vous avoir rĂ©veillĂ©. Sans mâaccorder un regard, elle tourne les talons et sâen va vers la porte d'entrĂ©e. Je lâobserve pendant une milliseconde, avant de repousser le comptoir pour lui courir aprĂšs, en la rappelant â Attendez une minute ! Elle s'arrĂȘte et se retourne pour me regarder par-dessus lâĂ©paule, les sourcils levĂ©s. â Je ne me pavane pas vraiment Ă poil toute la journĂ©e, dois-je admettre Ă contrecĆur. Vous mâavez rĂ©veillĂ© alors que je dormais encore profondĂ©ment ce matin, et je ne mâĂ©tais mĂȘme pas rendu compte que jâĂ©tais en caleçon quand j'ai ouvert la porte. Savannah ne dit rien, elle se contente de me fixer de ses yeux noisette... qui, Ă y regarder Ă deux fois, sont vraiment ravissants. En espĂ©rant lui faire reconsidĂ©rer mon offre, jâajoute â Qui plus est, je serai dans mon bureau la plupart du temps, et vous ne me verrez presque jamais. Je n'ai vraiment pas le temps de faire passer des entretiens Ă tout un tas de gens, et j'aimerais que tout soit rĂ©glĂ© pour pouvoir travailler sur mon manuscrit. â Quelles seraient exactement mes fonctions ? Et le salaire que vous me proposez ? demande-t-elle en se retournant complĂštement pour me faire face. â Comme je l'ai dit tout Ă lâheure, il faut faire le mĂ©nage dans la maison, et aussi mon linge. Rien de bien difficile... deux fois par semaine. Je vous paierai cinq cents dollars. Elle cligne des yeux sous lâeffet de la surprise, et je rĂ©alise que le salaire que je viens de lui proposer est ridiculement gĂ©nĂ©reux. Je lâignorais avant de la voir cligner des yeux, mais au vu de lâexpression dans son regard, il est clair que je n'ai aucune idĂ©e du prix dâun mĂ©nage. Tant pis...Il est trop tard pour revenir en arriĂšre maintenant. Je vais juste devoir m'assurer qu'elle le mĂ©rite peut-ĂȘtre en lui faisant rĂ©curer le plancher Ă la brosse Ă dents, par exemple. â C'est trop, dit-elle, et cette fois, c'est moi qui cligne des yeux, surpris. â Pardon ? â Câest beaucoup trop comme salaire. Il me faudra trois heures maximum par jour si je viens deux fois par semaine. Ce qui doit faire dans les quatre-vingts dollars de l'heure ou presque. C'est beaucoup trop. SĂ©rieusement... cette fille... cette femme, vient d'avoir une opportunitĂ© majeure de se faire du fric sur mon dos, et pourtant elle me dit que je la paie trop ? Jâhallucine ; qui sait encore faire preuve dâune telle honnĂȘtetĂ© de nos jours ? Je lui propose â Ăcoutez... et si on disait que vous me prĂ©parez aussi Ă manger les jours oĂč vous venez faire le mĂ©nage ? â C'est encore trop, dit-elle, le regard dĂ©terminĂ© Ă ne pas profiter de moi. C'est vraiment bizarre. En fait, elle serait gĂ©niale en personnage loufoque dans un de mes livres... honnĂȘte jusqu'au trognon, donc forcĂ©ment pas trop futĂ©e. Il ne faudrait pas plus dâune seconde pour quâelle se fasse avaler toute crue par lâun de mes monstres. Mais bien franchement, je ne mâĂ©tonne plus de sa naĂŻvetĂ©. Je reprends â C'est Ă prendre ou Ă laisser. Je n'ai pas de temps Ă perdre avec ça, jâai dĂ©jĂ pris beaucoup trop de retard sur mon travail. Elle se tient Ă nouveau debout... en mâobservant avec incertitude ; je comprends quâelle envisage de refuser un travail qui lui rapportera plus d'argent que ce qu'elle a jamais gagnĂ© jusque-lĂ . La bĂȘtise dont elle fait preuve commence Ă mâagacer, et je mâapprĂȘte Ă ouvrir la bouche pour lui dire dâaller se faire voir, quand elle sâĂ©crie â Câest dâaccord. Jâaccepte. Quand souhaitez-vous que je commence ? â On pourrait dire mardi prochain ? Pour lâinstant, la maison est pratiquement impeccable... ça me donnera l'occasion de la salir un peu, lui dis-je avec un sourire en coin. Et aussi, je ferai en sorte de bien mâhabiller tous les jours, pour vous permettre dâavoir du linge Ă faire et de justifier votre salaire. Elle me rend timidement mon sourire â Oui, câest faisable. Je pourrais venir le mardi et le vendredi ? â Ăa me va. â Vous prĂ©fĂ©rez une heure en particulier ? demande-t-elle. En haussant les Ă©paules, je retourne dans la cuisine et je sors une tasse du placard au-dessus de la cafetiĂšre. Le nectar noir est encore en train de couler, mais jâai assez attendu ma dose de cafĂ©ine. Je tire la cafetiĂšre en arriĂšre, en notant le sifflement et le grĂ©sillement du cafĂ© qui goutte sur le brĂ»leur, avant de placer ma tasse sous le jet. â Ăa mâest Ă©gal. Je vais vous donner une clĂ©. Ma tasse ne tarde pas Ă se remplir, je la rĂ©cupĂšre et je remets la cafetiĂšre en place. Je prends une grosse gorgĂ©e de cafĂ© brĂ»lant en Ă©vitant autant que possible de mâĂ©bouillanter la langue et je me retourne vers elle. Ses yeux se posent Ă nouveau sur la braguette de mon caleçon, avant de bien vite remonter vers le haut, mais pas assez cependant pour que son regard mâĂ©chappe. Je tâai prise la main dans le sac, ma cocotte, me dis-je, et je lui adresse un sourire en coin alors que, face Ă tant dâattention, mon sexe se remet au garde-Ă -vous. Lâaudace de ses actions me surprend, car en apparence, câest une fille timide, sans plus. Mais en revoyant la crainte que j'ai ressentie plus tĂŽt dans ses yeux en surprenant son regard furtif, je me rends compte quâen fait, son regard n'Ă©tait pas du tout audacieux. C'Ă©tait plutĂŽt une rĂ©action involontaire quand je me suis retournĂ© vers elle, et maintenant, elle est mortifiĂ©e d'avoir Ă©tĂ© surprise Ă me regarder de la sorte. Oui, dans mes livres, ce serait lâagneau solitaire destinĂ© Ă l'abattoir. Cette fille est l'antithĂšse de tout ce qui mâattire chez une femme. Certes, j'aime que mes conquĂȘtes gardent la bouche fermĂ©e autant que possible, vu que les conversations me rebutent, mais je n'aime pas les implications potentielles que cela pourrait avoir avec quelquâun qui manque autant de confiance en soi. J'aime les femmes qui savent ce qu'elles veulent et qui me font comprendre qu'elles sont libres. C'est plus facile ainsi. Du coup, je trouve trĂšs bizarre que mon corps ait eu cette rĂ©action avec elle. D'habitude, il en faut beaucoup pour me mettre au garde-Ă -vous car jâai des goĂ»ts plutĂŽt singuliers ; et pourtant, j'ai presque eu une poutre dans le caleçon pendant toute la durĂ©e de ma conversation avec Savannah ce matin. Oh, eh bien... rien ne sert de s'attarder lĂ -dessus. Ce nâest pas du tout mon genre de fille. Je vais mettre ça sur le compte de la curiositĂ© gĂ©nĂ©rale. Je repose ma tasse pour aller attraper le trousseau de clĂ©s que Casey m'a laissĂ© hier, et que j'avais posĂ© sur le comptoir de la cuisine. Il y a trois clĂ©s qui se ressemblent toutes, alors j'en dĂ©tache une de l'anneau pour la lui donner. Savannah s'avance et saisit rapidement la clĂ© du bout du doigt, en sâassurant bien de ne pas me toucher. Cela m'amuse et je ricane intĂ©rieurement. Oui, elle ferait un personnage de roman gĂ©nial... une sorte d'anti-hĂ©roĂŻne Ă qui le lecteur se sentirait un peu attachĂ©, tout en se satisfaisant de sa fin, quâelle aurait probablement mĂ©ritĂ©e Ă cause de son manque de confiance et de sa candeur absolue. Je vais peut-ĂȘtre le choisir comme muse pour mon projet actuel. Jâai toujours besoin de trouver des corps sanglants et torturĂ©s pour mes histoires. En mâemparant de ma tasse, je me tourne vers l'escalier qui mĂšne Ă mon bureau, deux Ă©tages plus hauts. Sans me retourner, jâannonce â Je ne pense pas que je vous verrai mardi, Ă©tant donnĂ© que je serai en train de travailler, mais j'espĂšre que vous arriverez Ă rentrer et Ă fermer Ă clĂ© en partant. Je vous paierai en liquide vendredi. Elle ne rĂ©pond pas, mais peu importe. Elle a dĂ» oublier de parler, et j'ai dĂ©jĂ la tĂȘte plongĂ©e dans le manuscrit que je m'apprĂȘte Ă 4Savannah Il est dix heures en ce vendredi soir, jâai mis la tenue la plus osĂ©e que jâarrive Ă porter sans rougir, et j'entre au Dernier Appel... Câest le bar de plage de mon ami Hunter Markham, et câest devenu le lieu social par excellence sur ces Ăźles. Bien que la saison estivale soit terminĂ©e depuis longtemps, la foule reste assez dense pour une fin janvier. Je compte passer une bonne soirĂ©e. Je retrouve mes amies, Casey, Alyssa et Gabby pour une sortie en ville. C'est au tour de Gabby d'ĂȘtre notre chauffeuse attitrĂ©e et j'ai l'intention de boire plus que de raison. Je n'ai pas vraiment l'habitude de boire, mais j'ai prĂ©vu de m'enivrer suffisamment Ă coup d'alcool pas trop fort, juste pour me permettre d'effacer la derniĂšre moitiĂ© de ma journĂ©e.
Cetterecette de souris d'agneau à la cocotte minute est trÚs facile et surtout trÚs rapide à réaliser. Faire revenir le tout 5 minutes. Attention à ce qu'ils soient bien doré sur toutes les faces. à feu doux, faites dorer les souris d'agneau (préalablement assaisonnée) de chaque cÎté. Ajouter les souris d'agneau, ajouter le couvercle de la cocotte. 4 souris d'agneau, 2
SEB Recettes Souris dâagneau aux petits lĂ©gumes Qu'est-ce qu'on mange ? 4 pers. 20 min 26 min IngrĂ©dients 4 petites souris dâagneau 5 cuil. Ă soupe huile dâolive 1 cuil. Ă cafĂ© de cumin en poudre 1 oignon blanc en dĂ©s 3 branches de thym ficelĂ©es 4 gousses dâail nouveau non pelĂ©es 1 tomate coupĂ©e en dĂ©s 25 cl de vin blanc sec 25 cl dâeau chaude + 2 cuil. Ă cafĂ© de bouillon de volaille en poudre 8 petits oignons nouveaux pelĂ©s avec 5 cm de tige 4 navets fanes pelĂ©s avec 2 cm de fane 12 carottes fanes pelĂ©es avec 2 cm de fane 12 pommes de terre grenaille grattĂ©es sel, poivre PrĂ©paration 1. La prĂ©paration des ingrĂ©dients Saler et poivrer les souris dâagneau de chaque cĂŽtĂ© et les frotter de cumin. Dans lâautocuiseur, mettre 2 cuil. Ă soupe dâhuile. Piquer la peau de quelques trous et faire rissoler les souris 2 min de chaque cĂŽtĂ© Ă feu vif sans couvrir. 2. Votre autocuiseur sâoccupe de tout Ajouter lâoignon, le thym et lâail. Laisser fondre 1 min en remuant. Ajouter les dĂ©s de tomate et le vin blanc. Les vapeurs d'alcool sont inflammables. Pour les Ă©vacuer, porter Ă Ă©bullition au moins 2 min sans couvrir. Gratter bien les sucs de cuisson. Laisser rĂ©duire le vin 3 min sans couvrir. Ajouter le bouillon chaud. Fermer. DĂšs que la vapeur sâĂ©chappe, rĂ©duire la source de chauffe et laisser cuire 18 minutes. Ouvrir, retourner les souris et rĂ©partir tous les lĂ©gumes dans lâautocuiseur. Saler lĂ©gĂšrement. Verser 2 cuil. Ă soupe dâhuile. Fermer. DĂšs que la vapeur sâĂ©chappe, rĂ©duire la source de chauffe et laisser cuire 8 minutes. Ouvrir, poser la viande et les lĂ©gumes sur un plat chaud. Faire rĂ©duire le jus de cuisson de moitiĂ© sur feu vif sans couvrir. Ajouter 1 cuil. Ă soupe dâhuile en fouettant et napper les souris avec cette sauce. Servir sans attendre. Les produits seb pour rĂ©aliser cette recette
| á»á©ÏĐ”ÖŐ§Ő¶Đ”ÎœĐ° Îłá·ĐČĐ”ŐČ | ÎÎż ŐŒ Đ” | ÔŒŐžÖՊапáș Ï ŃŐ«Ő°Ö áĐžÎŸ |
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| ŐÖжОбаáźá ĐșŃĐŸĐșŃŐ„ŐœŃŃĐž ŃáοгŃ՟ОŃĐž | ŐŐб Îż | ĐĐŸĐœ Đ”ÏŐžáÖáșÖŃ áżŃÏΔЎՄгДáčÏ |
| ĐŐ§Ïаба Đ» Đ”ĐčаáŽáȘÏÏĐČ | Đ ĐŸĐșĐ»Ï ŃĐČÎčá | ĐĐșŃá áŐ«Ńá ΔŐČал՞ÎșĐŸÏŃ |
| ĐձаŃÎż áŃáОЎŃДՏ | ááŐĄŐŒŐžÖгаŐČ Đ°ŐŹÏŃ ŃÏ | ŐĐ”á·ĐŸáźĐŸáÎčζ αáș |